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Pour un 21 avril des citoyens… et des citoyennes

Le 21 avril est une date aux multiples résonances pour tous les citoyens. Interrogés sur sa signification, il est probable que la plupart d’entre nous pensent avant tout au 21 avril 2002, qui a rendu visible l’étendue du malaise politique touchant nombre de Français et les poussant à un vote extrémiste. Mais cette date a également une portée positive, bien plus large, rappelant les idéaux de justice et d’égalité, piliers de notre démocratie : il y a près de soixante-dix ans, le 21 avril 1944, le droit de vote des Françaises entrait enfin dans la loi de la République. Par cette ordonnance, le gouvernement de la France Libre du général de Gaulle venait confirmer la décision de l’assemblée consultative provisoire d’Alger, mais elle venait aussi sanctionner un débat né avec la République, un débat porté par plusieurs femmes qui ont eu le courage et l’audace de s’engager dans une société où l’égalité des sexes n’était pas la règle.

Parmi ces féministes, plusieurs ont défendu, à travers leur engagement en faveur des droits politiques féminins, des valeurs qui sont, encore aujourd’hui, celles de l’Union des Démocrates et Indépendants.

La plus célèbre d’entre elles, sans doute, est Cécile Brunschvicg (1877-1946), première femme ministre de la République française, aux côtés de Suzanne Lacore et d’Irène Joliot-Curie, en 1936. Militante au Conseil national des femmes françaises et à l’Union française pour le suffrage des femmes, deux des plus grandes associations féministes de l’époque, elle entre parmi les premières au Parti Radical lorsqu’il s’ouvre aux femmes en 1924. Elle y est nommée vice-présidente de la section sociale. À soixante ans, figure importante du féminisme français et représentante de son parti, elle est appelée par Léon Blum à participer au gouvernement du Front Populaire. Nommée sous-secrétaire d’État à l’Éducation nationale, elle reste en poste jusqu’à la chute du gouvernement, en 1937, année où elle est décorée de la Légion d’honneur.

D’autres membres influentes de l’Union française pour le suffrage des femmes adhèrent au Parti Radical en 1924. C’est le cas de Marcelle Kraemer-Bach (1896-1990), avocate de profession. Doublement militante, elle mêle son engagement suffragiste à son appartenance au Parti Radical. Ainsi, en déplacement à Marseille, en 1932, pour une conférence sur le vote des femmes, elle y crée une nouvelle section féminine du Parti Radical. En 1935, elle est la première candidate officiellement investie par ce parti. Depuis longtemps, des féministes, pour revendiquer les droits politiques, s’engageaient dans les campagnes électorales, mais les radicaux, jusque là globalement hostiles à cette réforme, refusaient d’accréditer ces candidatures. L’investiture de Marcelle Kraemer-Bach par la fédération de Paris et de la Seine est donc une reconnaissance forte du principe suffragiste, obtenue grâce à la persévérance des femmes travaillant en son sein.

C’est ce même travail, long et patient, qu’ont mené des femmes qui, sans s’engager dans des partis politiques, en étaient très proches. Le cas de Julie Siegfried (1848-1922) est ainsi significatif. Elle est l’épouse du parlementaire Jules Siegfried, qui siège au centre-droit. Présidente du Conseil national des femmes françaises de 1912 à 1922, elle milite pour le vote des femmes aux côtés de son mari. Julie Siegfried prône la modération dans l’action, la persuasion par l’exemple, comme elle l’explique à la jeune Cécile Brunschvicg : « Laissez-les d’abord venir travailler avec nous, la philanthropie les amènera à l’action sociale, et l’action sociale au suffrage. Le CNFF est une école normale où il faut passer pour apprendre à celles qui ne le sont pas à devenir féministes ». C’est cette ligne de conduite, refusant les outrances et les exagérations, mettant en avant l’utilité sociale et la justice du vote féminin, qui est tenue par les principales associations suffragistes jusqu’en 1944.

Enfin, autre point commun avec l’actuelle UDI, l’Europe est au cœur des préoccupations de plusieurs féministes suffragistes. Nombre d’entre elles travaillent en réseaux avec des associations d’autres pays. Celle qui a sans doute le mieux incarné cet idéal européen est Louise Weiss (1893-1983). Journaliste, elle crée en 1920 une revue intitulée L’Europe nouvelle, dont le but est la réconciliation franco-allemande, et qu’elle dirige jusqu’en 1934. Face à l’échec annoncé de ce rapprochement, elle se désengage de la revue et se lance dans une campagne féministe, en faveur du vote des femmes. La « Femme nouvelle, association pour l’égalité des droits civils entre Français et Françaises » s’engage dans une propagande très active, notamment en faisant campagne en 1935, lors des élections municipales. Si le militantisme féministe de Louise Weiss n’a qu’un temps, son profond sentiment européen l’accompagne toute sa vie, jusqu’à devenir la doyenne du Parlement européen en 1979.

À l’aune d’aujourd’hui, l’engagement des suffragistes de la Troisième République au centre de l’échiquier politique pourrait s’apparenter à une démarche de développement durable, telle que la prône l’UDI. N’y retrouve-t-on pas plusieurs de ses principes fondamentaux : la lutte contre les discriminations, l’implication de tous les citoyens dans la vie des territoires, la solidarité, la responsabilité ? Associées à la modération, à un humanisme sincère et à un engagement européen, les valeurs de ces suffragistes ressemblent à s’y méprendre à celles de l’UDI. Ces pionnières doivent être un exemple d’engagement citoyen. Cet exemple doit rappeler à tous que l’égalité est toujours à construire. Il doit rappeler aux femmes que la parité ne résoudra rien si elle reste théorique, qu’elles seules peuvent participer à la construire en s’engageant. Moderne, l’UDI doit être audacieuse et permettre une représentation juste des hommes et des femmes au sein des instances dirigeantes et dans les investitures.

Le 21 avril est une date essentielle pour la démocratie, c’est celle de l’engagement citoyen. Que ce soit aussi celle de l’engagement des citoyennes !

Tag(s) : #udi a la une
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